Les Humbles de la Mer 6/14

Texte

Chapitre VI

Quinze jours environ après cette algarade, Blandamour sortant de la Bretonne à l'heure de la marée, aperçut, collée sur la muraille, tout près de la porte, une affiche de couleur verte annonçant la vente de l'immeuble et du maigre mobilier qu'il contenait, pour le premier du mois suivant, en l'étude de Me Nicolas, notaire à Barfleur. Certes, le pauvre homme ne conservait pas beaucoup d'espoir ; mais cette affiche était l'attestation de sa ruine définitive, elle lui signifiait son congé d'une façon muette mais certaine et brutale. Encore deux semaines, ou à peu près, et il n'aurait plus rien à faire par là, il ne franchirait plus jamais le seuil de cette pauvre demeure où il était né et où il avait connu tant de mauvais jours. C'était fini, bien fini, car la confiance dans l'intervention du voilier Gardin devenait plus que limitée.

Aussi s'en allait-il tristement, à pas lents et comptés, vers le port, ses filets et ses lignes sur l'épaule, avec la satisfaction de voir la mer un peu grosse, car cela lui promettait une journée plus agitée et par suite une sorte de diversion à ses préoccupations. Mais, pour gagner l'extrémité du port, il était obligé de descendre la grande rue dans toute sa longueur, et il ne put s’empêcher de tressaillir en apercevant, sous un des panonceaux de l'étude Nicolas, l'affiche verte qui annonçait publiquement son malheur. En outre, sur son passage, il rencontrait peu de sympathies, car nul n'ignorait que sa mésaventure était volontaire et qu'il était victime d'une idée fixe, aussi intraitable qu'absurde. Aussi le laissait-on passer, revêche et taciturne, sans lui adresser la parole, sans le moindre mot de consolation. À quoi bon, puisqu'il voulait qu'il en fût ainsi ? Pourquoi aurait-on de la pitié, même la moindre sympathie démonstrative, à l'égard de ceux qui courent eux-mêmes au devant du mauvais sort ?

Il lui semblait, en se dirigeant vers le port, que ce rectangle vert lui restait dans l’œil, se collait sur les murs de toutes les maisons et jusque sur les mâts des lougres et des sloops qui dansaient également, avec le flot montant roulant les premières eaux vaseuses de la marée. C'était comme une obsession, et quand il eut atteint le point du quai d'où l'on commençait à apercevoir la Bretonne, il n'osait y regarder, craignant de la voir encore sur le mur le fixant de son œil glauque, histoire de le narguer jusqu'à ce qu'il fût assez loin au large pour qu'elle disparût à cause de la distance et cessât forcément de le poursuivre ainsi :

VENTE DE LA BRETONNE

il lisait cela partout, et la suite, la désignation des objets mobiliers, du jardin attenant à la maison et où jadis il plantait lui-même des choux et semait des haricots dont les fleurs blanches et roses sentaient si bon qu'elles parfumaient tout l'enclos quand elles grimpaient au milieu des feuilles autour des rames auxquelles le nord-est imprimait parfois des inclinaisons qu'elles gardaient, quoique protégées du côté de la mer par un épais rideau de tamarins. C'était tout un livre qu'il lisait sur cette affiche maudite, de dimensions pourtant si restreintes, le livre de sa vie déjà longue, au milieu des embarras perpétuels et des si nombreuses journées plus que besogneuses qui finissaient au coucher du soleil pour recommencer le lendemain, et toujours de même, sans trêve et sans accalmie.

Il n'avait pas revu le voilier Gardin depuis le jour de son bain forcé qui devait lui mettre au cœur une inextinguible rancune et un grand désir de vengeance. Une pareille humiliation, en présence d'une foule nombreuse et narquoise, n'était pas chose facile à digérer, et sans doute en gardait-il le souvenir cuisant. Aussi, se montrait-il plus rarement dans le bourg et chez certains débitants de boissons qu'il honorait ordinairement de sa clientèle, par crainte des quolibets et des mauvaises plaisanteries.

De fâcheux bruits couraient même sur son compte, et il passait pour l'hôte assidu d'un logis peu recommandable où une parisienne, assez à l'aise, mais sensiblement défraîchie, attirait les mauvais sujets de la contrée qui, fréquemment, se battaient pour elle, au grand scandale du voisinage, et qui, un jour ou l'autre, en feraient immanquablement le théâtre de quelque attentat, avant ou après une orgie plus complète que d'habitude, d'autant plus que, située au bord même du chemin, près de Montfarville et non loin de la petite anse de Maltot, il était facile de faire disparaître un homme en le jetant à l'eau à l'heure de la marée où, saisi par un des nombreux courants, ou fixes ou accidentels, de ces dangereux parages, il s'en irait on ne sait où, peut-être jusqu'au fond du raz dont les gouffres impénétrables sont sans doute, de véritables cimetières.

Pas facile, cependant, d'attaquer en face un gaillard solide et décidé comme Pierre-Paul. C'est de la traîtrise qu'il fallait dans la circonstance, et aussi de la prudence, une embûche soigneusement tendue, où il viendrait donner tête baissée, comme un moineau dans un trébuchet, en y laissant toutes les plumes de ses ailes, par conséquent dans l'impossibilité de reprendre son vol en cas de liberté retrouvée, et destiné à mourir dans quelque trou de muraille, ou bien à demeurer infirme et dans l'impossibilité de survivre longtemps. C'était, en un mot, un compte à régler entre eux deux, n'importe comment, à coup sûr sans loyauté, et le plus tôt serait le mieux.

Pierre-Paul se défiait et se tenait sur ses gardes, tout ou étant loin de s'attendre à. une brusque surprise. Dans le logis de Barbenchon, les deux vieux s'efforçaient de le tenir en éveil et l'engageaient à ne poins errer par les chemins sur le tard, et même à avoir l’œil au guet quand il viendrait manger la soupe du soir avec eux, histoire de se retremper dans leur affection et surtout d'entendre parler de Clotilde, qui faisait de même aussi fréquemment que possible pour entendre également parler de lui. Et maman Barbenchon, pour le taquiner, lui disait avec quelque malice :

- Ce n'est point pour te faire des reproches, mon garçon, mais on te voit par ici bien plus souvent qu'autrefois.

- Parbleu ! ajoutait Barbenchon, ce n'est pas bien surprenant. Est-ce que tu te plaignais de cela jadis, la mère, dans un temps où j'avalais comme rien du tout le joli bout de route de Barfleur à Réville, et au pas accéléré encore, pour te rencontrer chez ton père, dans une maison de Jonville où tu te tenais sur le pas de la porte, ruminant un tas de mauvaises raisons quand tu prétendais que j'arrivais en retard ?

Alors, elle, retrouvant de la joie dans ces souvenirs de jeunesse, se mettait à renchérir :

- Et sais-tu, Pierre-Paul, il m'arrivait plus d'une fois de faire plus de la moitié du chemin et de l'attendre, le brigand, assise au pied de la croix de pierre plantée là, au-dessus de la mer, par Guillaume Quilbé, il y a plus de cent ans à ce qu'on dit, pour la rémission de ses péchés ou de ceux des autres.

- Ça, c'est vrai, reprenait Barbenchon, mais tu peux te vanter d'avoir joliment changé depuis ce temps-là.

- C'est égal, fit un soir Pierre-Paul, après ces petites querelles de ménage dont le fond et la forme ne variaient guère, c'est un jeu de faire du chemin quand on est sûr de trouver au bout ce que l'on cherche.

En le voyant ainsi s'en aller dans la mélancolie, ils donnaient un autre tour à la conversation et parlaient, avec des éclats de rire forcés, de ce bain involontaire de Gardin dans le port, sous les yeux de tout Barfleur. Mais cela n'avait pas de durée, parce que la vieille maman pensait aussitôt à ce qui pouvait survenir. Avec un vaurien de la trempe de ce Gardin, ne fallait-il pas s'attendre à quelque mésaventure ?

Si par hasard, Clotilde te trouvait là, ce qui arrivait bien quelquefois, on s'en taisait devant elle. À quoi bon augmenter son chagrin ? N'était-elle point assez malheureuse d'apercevoir Pierre-Paul seulement à la dérobée, et même beaucoup plus rarement qu’autrefois, à la porte de la Bretonne, pendant les absences de Blandamour ?

Malgré toutes ces complications, nulle interruption dans sa besogne marine. Le Pluvier était toujours heureux à la mer, et si bien entretenu qu'on l'eût pris pour un de ces gardes-pêche de l’État dont les moindres cuivres reluisent comme de l'or ; comme il aurait voulu voir reluire la Bretonne, si bien située à deux ou trois cents mètres de la mer, pour la rendre digne de recevoir Clotilde le jour même de leur mariage qui, hélas ! se perdait encore dans la nuit des temps. Deux ans, n'est-ce pas un siècle pour les amoureux, surtout quand ils sont pour ainsi dire condamnés à se fuir ? Et dire que tout cela tenait à la volonté d'un seul homme, Blandamour, auquel les plus honorables et les plus écoutés de Barfleur n'avaient pu faire entendre raison, entre autres le maire et cet excellent capitaine Quéruelle, toujours prêt à le réconforter quand il le voyait découragé, sinon las.

- Allons, allons, Pierre-Paul, lui disait-il, vous n'avez donc pas de sang dans les veines ? Est-ce que c'est d'un homme de n'avoir pas plus de ressort que vous et de ne pas réagir ? Vous savez bien que tout finira pour le mieux et qu'il ne faut pour cela qu'un peu de patience. Croyez-moi, le moment venu, vous serez le premier à trouver que le temps aura passé vite. C'est un gaillard qui ne s'arrête jamais et qui fait du chemin quoi que vous en pensiez. Interrogez les Barbenchon et demandez-leur en leur avis.

Désireux de s'illusionner, il acquiesçait, mais mollement. En mer, cela marchait encore, parce que le métier, presque toujours dur, la surveillance de la pêche, le souci de la manoeuvre et le reste accaparaient toute son attention et momentanément chassaient ses idées tristes. Mais à terre, les heures lui paraissaient démesurément longues, n'ayant rien qui pût le distraire, sinon s'en aller chez les Barbenchon parler de sa misère, de la conduite fantasque de Blandamour, et parfois passer sous les fenêtres de l'hospice où Clotilde se montrait par hasard, mais en simple apparition, car il y avait toujours à craindre les regards curieux. Et quand il s'en ouvrait au capitaine, celui-ci lui disait, non sans bonne humeur :

- Hé bien, il me semble que c'est déjà quelque chose, et cela ne vaut-il pas mieux que de la savoir chez son père, n'importe où il ira planter sa tente ou amarrer sa barque, et partageant son vagabondage, bien probablement du moins, dès le lendemain de la vente de la Bretonne. C'est un nid que vous allez lui préparer, Pierre-Paul, sous le couvert de l'écoreur Laloy. Mais il est nécessaire que personne ne s'en doute, et pour cela je vous conseille de ne pas trop vous montrer dans le voisinage et de ne souffler mot à qui que ce soit, même à Clotilde, de vos projets.

- Oh ! interrompit Pierre-Paul, le notaire et l'écoreur sont gens discrets, et nul des deux ne me trahira. Le premier procède à la vente ; l'autre, en mon nom, met enchère s'il y a lieu, et le jour même je suis propriétaire, dussé-je y dépenser jusqu'à mon dernier sou.

- Ce qui est une manière de dire, reprit le capitaine, car la masure ne vaut pas cher, et pour s'en faire acquéreur, il faut vraiment y tenir.

- Et c'est mon cas, monsieur Quéruelle, comme c'est aussi mon dessein d'en faire une cage digne de la colombe que vous savez. C'est chez elle qu'elle entrera, capitaine, le jour où nous y pénétrerons ensemble ; mais hélas ! ce n'est pas pour demain !

- C'est possible et même probable, Pierre-Paul, surtout si vous persistez à lui montrer une pareille figure d'enterrement. Vrai, c'est à ne pas vous reconnaître, et vous n'avez pas d'énergie pour deux sous. Clotilde est-elle sincère, oui ou non ? Vous lui ferez, je pense, l'honneur de n'en pas douter, et c'est elle qui vous donne l'exemple de la résignation. Elle est à vous, c'est chose certaine, et si vous n'avez pas la patience d'attendre, excusez-moi de vous parler net, c'est que vous n'êtes qu'une poule mouillée. Il en est, et de plus anciens que vous, qui accepteraient facilement une plus longue attente, dans l'espoir d'une pareille récompense.

- Capitaine, reprit le mélancolique et amoureux garçon, c'est que si elle était à moi demain, je n'aurais plus rien à craindre, tandis que, pendant deux ans, qui peut savoir ce qui se produira ?

- Peut-être ceci, Piere-Peul que Blandamour finira par y voir plus clair et qu'il viendra lui-même vous demander votre main pour sa fille.

- Ah ! capitaine, si je n'ai à compter que là-dessus, vous pouvez croire que les deux ans passeront jusqu'à la dernière minute.

- Tenez, Pierre-Paul, regardez Blandamour ; n'est-il pas une leçon vivante pour vous ? C'est pour demain, ou presque, la vente de sa bicoque ; eh bien! il n y croira que le moment venu, tout en voyant les jours se succéder à pas de géant. Il a l’appréhension de l'échéance, tandis que vous, il en est une après laquelle vous aspirez, et alors vous vous dites qu'elle ne viendra pas. Pour lui comme pour vous, l'heure arrivera tout de même, et ce qu'il faut vous dire, c'est que nous n'y pouvons rien. Ou plus gaie, ou plus triste, elle finit toujours par sonner, joyeusement ou lugubrement, suivant les cas. Si c est un bonheur que l'on attend, ce qui est votre lot, le temps prend plaisir à se traîner, à se moquer des impatients et double la durée de leurs journées. On dirait que par taquinerie il se plaît à tirer des bordées pour allonger sa route, quoiqu'il marche toujours du même train, Et voulez-vous que je vous donne un bon conseil ? Fatiguez-vous, surmenez-vous. Il n'y a rien de tel que la lassitude physique pour avoir raison des idées noires. Essayez-en et vous m'en direz des nouvelles. La fatigue, voyez-vous, cela donne de l'appétit et aussi du sommeil. Donc, travaillez, mangez et dormez. Vous n'êtes pas d'âge, que diable ! ni de tempérament à vous consumer ainsi, C'est bon pour les conscrits, Pierre-Paul, et vous n'en êtes plus un.

Le jeune patron, tout en reconnaissant la justesse de ces raisons, hochait la tête ; et comme approchait l'heure du repas du soir, ils gagnèrent la Blanche-Nef où leur souper les attendait.

Comme pour donner raison à la philosophie du capitaine Quéruelle, le jour de la vente arriva bientôt, trop vite au gré de Blandamour, mais avec la régularité accoutumée, à heure fixe et précise comme la marée.

Peu de monde en l'étude de Me Nicolas ; encore étaient-ce, pour la plupart, de simples curieux attirés plutôt par l'étrangeté de l’aventure. À l’exception du principal intéressé et de l'écoreur, on n'y voyait personne qui pût enchérir, de sorte que opératique promettait d’être très brève, ce qui ferait l'affaire de Laloy mais non celle du malheureux Blandamour. Celui-ci faisait peine à voir ; l'heure pour lui était décisive, et l'absence remarquée du voilier Gardin, invisible depuis quelques jours, lui enlevant toute certitude, le mettait hors de lui. Cependant, il espérait encore, et chaque fois que s'ouvrait la porte de l'étude, il y portait les yeux pour les ramener, d'une façon douloureuse, vers le bureau devant lequel allait bientôt s'asseoir Me Nicolas, c'est-à-dire aussitôt que les aiguilles de la pendule marqueraient l'heure désignée. Il marchait de long en large, très lourdement, sur le parquet de l'étude où bientôt apparurent le maire et le capitaine des douanes, désireux de connaître le dénouement et de savoir si, au moment suprême, Blandamour ne reviendrait pas enfin sur sa résolution par un consentement tardif, surtout quand il n'y aurait plus lieu de douter de l'absence définitive du voilier Gardin.

Une toute autre préoccupation l'absorbait : cette absence même, au moment décisif, d'un prétendant à la promesse duquel il avait eu la grande naïveté de croire. Il n'ignorait cependant rien des faits et gestes du voilier, car la chronique scandaleuse est rapide dans ces petites localités où tant de langues inoccupées, sont toujours en peine de bavardages, les visites répétées de Gardin à l'auberge de Maltot, les dépenses exagérées qu'il y faisait, en compagnie de quelques désœuvrés qui venaient jusque de Saint-Vaast l'aider à dépenser son avoir et à laisser ses quelques écus au fond des verres. Mais comment expliquer ce caprice, presque aussitôt évanoui qu'éveillé, grâce auquel il avait pu entrevoir. le sauvetage de sa Bretonne, sans tenir compte de la triste moralité de l'individu, connu partout et par tous pour un coureur de mauvais lieux et pour un pilier de cabaret.

Enfin, Me Nicolas parut et déclara qu'il était temps de commencer. Ce ne fut pas long, et sur une mise à prix de mille francs, à cause du lopin de terre qui entourait la masure et qui pourrait devenir plus productif avec une culture mieux entendue et plus soignée, surtout plus assidue, la Bretonne fut adjugée à Laloy, malgré les instances nouvelles du capitaine et de M. Delinotte, insistant pour que Blandamour en vint à mieux juger les choses, et à ne pas courir à sa perte sans vouloir rien entendre.

Il ne répondit même pas et sortit de l'étude sans avoir desserré les lèvres, frappé au cœur par ce dénouement qu'il avait voulu et qui le laissait désormais sans gîte, comme le dernier des va-nu-pieds, la rage au cœur et la menace à 1a bouche, et comme un homme ivre, en regagnant sa demeure d'hier pour y faire ses paquets bien sommaires et procéder aux préparatifs de son déménagement définitif, il marchait presque inconsciemment, démoralisé ou plutôt assommé par un coup brutal et semblant prêt à tout instant à s'allonger sur le sol pour ne plus se relever.

Le Maire et le capitaine, qui le suivaient d'assez loin d'abord, forcèrent le pas et bientôt le rejoignirent. Sentant quelqu'un sur ses talons, il ne retourne même pas la tête; et il leur fallut le héler pour qu'il s'arrêta. Ils virent alors combien sa physionomie était bouleversée, avec des yeux presque hagards, des yeux de fou qui les fixaient et leur semblaient pleins de menaces. Le capitaine Quéruelle prit le premier la parole et, d'une voix très émue, lui dit :

- Tout n'est pas fini encore, Blandamour, si vous le voulez. Laloy nous à chargés, M. Delinotte et moi, de vous faire une proposition dernière ; c'est à vous de voir si vous l'acceptez.

- Laquelle ? interrogea le malheureux d'une voix rauque, sinon menaçante.

- Toujours la même, répondit le capitaine, c’est-à-dire de consentir à ce que vous savez. Alors, il passe la main à Pierre-Paul, ou, plus clairement, la Bretonne vous reste et vous pourrez y finir vos jours en famille, ce qui vaut bien quelque chose, vous ne direz pas le contraire.

Blandamour garda le silence et poursuivit sa route. À quoi bon insister ? Puisqu'il voulait impitoyablement la misère, ils n'avaient plus rien à dire, et c'était fini. Et ils se séparèrent en se demandant ce qu'il allait advenir de ce malheureux qui leur semblait en route vers la folie et qui serait à surveiller de près, car dans la situation morale où il se trouvait, il était permis de s'attendre à quelque fâcheuse aventure.

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Auteur

Charles Canivet

Ouvrage

Journal de la Manche et de la Basse-Normandie

Année

1910

Source

Gallica