Souhaits du Permier de l'An

Texte

Si je pouvais pour me distraire,
Faire un voyage d'agrément,
Je ne partirais pas, gaiement,
Pour la pointe du Finistère;
Je me rendrais simplement,
Avec Marie, évidemment,
A Barfleur, au Cadran solaire,
Et de là, par le chemin d'où
Se dévide, avec un bruit doux,
Le joli ruban de la Saire,
Près de Réville et Quettehou,
Où maintenant plante ses choux,
Gohel, le chanteur populaire.
Cette semaine, il s'est enfui.
Quand pourrons-nous aller chez lui,
Le surprendre et voir s'il jardine,
Stique ou brosse sa cuisine,
Ce maître coq, ce Chantecler
Si prompt à mettre le couvert?
Mais, tout d'abord, qu'on l'avertisse
De mon faible pour la saucisse,
Que façonne, d'un sûr doigté,
La grande artiste d'à coté,
Qui sait comment on emboudine,
D'un cochon, la chair la plus fine,
Non celle d'âne ou de cheval
Dont je ferais moins mon régal.
Auprès d'une aimable compagne,
Heureux qui peut, à la campagne,
Vivre à deux pas de son clocher,
Dont on entend se détacher,
Lourdement, les heures sonores,
Sonnant la nuit et les aurores,
Quand les toits s'encadrent d'azur,
Qui met du bleu sur le vieux mur,
En éclairant chaque fenêtre:
Quand l'an pressé de disparaître,
Q son tour, nous fait ses adieux,
Mes chers amis, je vous souhaite,
Dans votre paisible retraite,
Santé parfaite, et jours heureux.

Auteur

Alfred Rossel

Ouvrage

Poésies et Chansons

Année

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Source

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