De Valognes à Cherbourg par Quettehou et Barfleur

Texte

On aurait tort de quitter Valognes sans avoir visité le Val de Saire Il faut faire de ce côté le tour de la presqu'île, ne fût-ce que pour voir un chef d'œuvre d'architecture le phare de Gatteville.

La route de Valognes à Quettehou est agréablement variée. A trois quarts de lieue de la ville, on voit à gauche l'église de Tamerville, dont la tour octogone, qui doit remonter au XIIe siècle ou à la fin du XIe, a été gravée dans l'ouvrage de Cottmann.

A deux lieues de Valognes les buttes de Montaigu-la-Brisette dominent la route du côté du nord ; à droite se voit le château appartenant à M. du Trésor, ancien sous-préfet de Valognes. Plus loin, on trouve des bois appartenant à M le général Le Marrois, et bientôt on arrive au haut d'un coteau, d'où la vue la plus ravissante vient s'offrir aux regards : à l'horizon, la mer avec les îles Saint-Marcouf ; à vos pieds, le bourg de Quettehou ; plus loin, le fort de Saint Vaast la Hougue et sa jetée, terminée par un fort et une tour élevée. Ce port de la Hougue est devenu célèbre depuis le désastre qu'y éprouva la flotte de l'amiral Tourville, en 1692. Dernièrement encore on a tiré une quantité considérable de boulets et de débris des vaisseaux de l'amiral, qui furent, comme l'on sait, coulés dans ce malheureux combat naval.

A gauche de Saint Vaast et un peu plus loin, vous apercevez en mer la petite île de Tatihou, qui sert de lazaret pour Cherbourg, et où réside, comme à Saint Vaast et aux îles Saint-Marcouf, une garnison fournie habituellement par le régiment qui occupe Cherbourg.

On distingue aussi l'église et le clocher de Rhéville, et plusieurs autres communes du pays plat qui longe la mer jusqu'à Barfleur.

Si l'on tourne ses regards vers le sud-sud-est, on peut, lorsque le temps est clair, distinguer facilement les falaises calcaires qui bordent les côtes de l'arrondissement de Bayeux, notamment celles de Saint Pierre du Mont et d'Englesqueville, la pointe de la Percée, etc, etc

Quettehou est un chef-lieu de canton, dont l'église date en partie du XIII siècle. Il y a deux lieues de Quettehou à Barfleur.

Barfleur était, au moyen âge, un port important dont il est souvent parlé dans les chartes et les chroniques ; il est bien déchu de son ancien état. Le bassin est creusé naturellement au milieu des roches de granite. L'église offre quelques parties de transition.

Le phare de Gatteville est à trois quarts de lieue au nord de Barfleur. Cette magnifique colonne en granite, haute de deux cents pieds, rappelle, par sa construction, ce que les Romains nous ont laissé de plus beau et de plus gigantesque. C'est une des merveilles de notre époque, et, comme on sait, l'œuvre de M. de la Rue, ingénieur en chef des ponts et chaussées.

De Barfleur à Cherbourg, on passe à Tocqueville, résidence de M. Alexis de Tocqueville, membre de l'Académie française, et par le bourg de Saint-Pierre. Le château de Saint-Pierre, appartenant à M. le marquis de Blangy, renferme une galerie de tableaux.

On arrive à Tourlaville d'où la vue s'étend sur la baie de Cherbourg et beaucoup plus loin.

Géologie :

Les granites affectent, depuis Rhéville jusqu'à Gatteville, des variétés que le géologue observera avec intérêt, et que j'ai indiquées sommairement dans ma géographie des roches du département de la Manche. Les éminences de la Pernelle et les plateaux compris entre ce point, Barfleur et Tourlaville, lui offriront des variétés d'arkoses assez nombreuses qui méritent d'être étudiées de nouveau, surtout depuis que les auteurs de la carte géologique de France les ont classées dans les terrains tertiaires. Je ne saurais, quant à présent, partager cette opinion ; j'ai du reste exactement indiqué les limites de cette roche sur ma carte géologique du département de la Manche (partie du nord).

Auteur

Arcisse De Caumont

Ouvrage

Statistiques Routières De La Basse Normandie

Année

1855

Source

Google Books