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Saint-Vaast-la-Hougue (extrait du congrès de Cherbourg)

Texte

INTRO

Un des plus jolis coins de la presqu'île du Cotentin est sans contredit Saint-Vaast-la-Hougue.

Le touriste qui arrive sur le haut des landes de La Pernelle est surpris de voir se dérouler à ses pieds un immense panorama. Plus de quarante kilomètres de côtes, de la pointe de Barfleur aux rivages lointains du Calvados, servent de cadre au tableau. Au premier plan, entre les deux baies de Réville et de Morsalines, la petite ville de Saint-Vaast s'étend comme un triangle avancé dans la mer et terminé par un éperon : la Hougue. Une tour ronde, à la fière silhouette, se dresse sur cet éperon ; une autre semblable, quoique plus petite, décèle l'île de Tatihou, qui défend le port contre la lame du large. A côté, l'Islet profile son lazaret carré aux arcades murées, laissant entre Tatihou et lui un étroit canal. A gauche, la pointe de Réville et enfin, bien au large, les deux ilôts déserts de Saint-Marcouf.

Cet ensemble se revêt aux rayons du soleil couchant de couleurs harmonieuses; l'azur du ciel s'unit aux tons chauds des vieilles murailles : la mer n'est qu'une moire aux teintes changeantes, où la marée trace des courants sinueux aux reflets métalliques. Çà et là une voile. On resterait des heures à contempler ce spectacle ; et devant ces témoins de l'invasion normande, devant cette mer qu'ont sillonnée les vaisseaux de Guillaume le Conquérant, de Tourville, on se prend à aimer ce coin de notre France. Tel, venu là par hasard, y est revenu planter sa tente, séduit par la beauté du site.

HISTORIQUE

L'origine de Saint-Vaast-la-Hougue est assez obscure. Tout au plus sait-on que la presqu'île, appelée Hougue, tire son nom d'un vieux mot Scandinave, Oga, qui voudrait dire promontoire. Bien avant l'invasion normande ce point servait de port de relâche à des Scandinaves dans leurs fréquentes incursions.

La première donnée certaine remonte à 896, année où Rollon, chef des Normands, choisit Saint-Vaast comme quartier général et fit don à l'église des reliques d'un saint qu'il avait prises en Flandre : d'où le nom de Saint-Vaast, que l'on trouve du reste dans plusieurs endroits du Pas-de-Calais.

Cent ans après, en 1003, Néel de Saint-Sauveur, vicomte du Cotentin, partit de Saint-Vaast pour jeter à la mer les Anglais qui avaient débarqué à Barfleur. En 1137, débarquement à Saint-Vaast d'Etienne de Blois, petit-fils de Guillaume le Conquérant, revenant d'Angleterre où il était allé pour s'emparer dû trône, à la mort du roi Henri Ier. En 1292, première descente des Anglais avec Edouard I". Une autre eut lieu en 1346, avec Edouard III, qui arma chevalier sur le rivage son fils, le prince Noir. De là il envahit la Normandie et la Picardie, et défit l'armée du roi de France à la funeste bataille de Crécy. La ville de Caen racheta Saint-Vaast en 1361 pour 8.000 écus.

Les Anglais firent encore d'autres descentes à Saint-Vaast. En 1408, ils pillèrent la ville et s'y établirent pendant la première moitié du XVe siècle.

En 1465, la baronnie de la Hougue Saint-Vaast fut donnée à Louis de Bourbon, comte de Roussillon, fils de Charles Ier, duc de Bourbon, par le roi Louis XI, comme dot de sa fille naturelle légitimée, Jeanne. Elle fut revendue en 1498 à Geoffroy Herbert, évêque de Coutances.

Peu de temps après, en 1510, Louis d'Estouteville, grand sénéchal de Normandie, convoqua à Saint-Vaast, par ordre du Roi, le ban et l'arrière-ban de la noblesse du Cotentin. En 1573, le comte de Montgomery y descendit à la tête d'une flotte de 53 vaisseaux, et d'une armée de 5.000 Anglais et protestants français, envoyés par Elisabeth d'Angleterre pour rétablir les affaires du parti protestant. Cette armée fut anéantie par le maréchal de Mati- gnon.

En 1589, un arrêt du parlement de Normandie fit défense aux moines de Saint-Vaast de ravitailler les ports de mer appartenant aux Ligueurs. Le commencement du XVIIe siècle se passa sans incidents. En 1664, Colbert donna ordre de fortifier la rade et de l'occuper militairement. Vauban vint visiter ces parages en 1687, et les forts de la Hougue et de Tatihou furent commencés en 1689.

Le roi d'Angleterre, Jacques II, ayant été obligé, à la suite de l'invasion du prince d'Orange, de s'enfuir d'Angleterre et de se retirer en France, le roi Louis XIV conçut le projet de le replacer sur le trône de ses ancêtres ; à cette fin, l'on commença, dès 1689, à rassembler des troupes dans le Cotentin en vue d'une descente en Angleterre. Cette même année furent commencées les fortifications de la presqu'île de la Hougue, de l'île de Tatihou et de l'Islet. L'année suivante quelques galères de Rochefort vinrent à la Hougue, puis allèrent brûler quelques maisons en Angleterre, à Torbay, sans aucun résultat. En 1691, le roi Jacques II vint s'établir à Quettehou, avec une armée de 12.000 Irlandais et 9.000 Français, mais les troupes restèrent inactives jusqu'au mois d'avril 1692. A ce moment, le roi transféra son quartier général à Quinéville, de façon à surveiller tous les mouvements qui pouvaient se faire dans la baie. Environ 400 chaloupes avaient été rassemblées pour embarquer les soldats à bord des vaisseaux de ligne. Ceux-ci, conduits par le maréchal de Tourville, subirent une première défaite au droit de Torbay, perdirent encore 2 navires à Cherbourg et vinrent jeter l'ancre au nombre de 12, 5 à Saint-Vaast et 7 à la Hougue, le 1er juin 1692.

Depuis quelques jours, la flotte ennemie croisait dans les environs, forte de 120 navires. Ne pouvant tenter aucune entreprise on tira des vaisseaux français tout ce qu'on put descendre de matériel, de provisions, pensant les conserver ; mais le soir même, les Anglais envoyèrent une multitude de chaloupes et de brûlots qui incendièrent les navires mouillés sous Tatihou.

Le 3, ils débarquèrent à la Hougue et mirent le feu aux 7 autres navires sans qu'on fît grand chose pour les en empêcher : ce qui est d'autant plus étonnant qu'il y avait au moins 20.000 hommes dans les environs. La flotte détruite, les troupes furent dispersées, et le roi d'Angleterre s'en retourna à Paris.

Rien d'important n'eut lieu à Saint-Vaast pendant la première moitié du XVIIIe siècle. En 1756, lorsque le Gouvernement voulut réaliser l'idée de créer dans la Manche un établissement pour la Marine militaire, la commission chargée de rechercher l'emplacement le plus convenable à la fondation d'un port de guerre, arrêta ses vues sur la Hougue. Mais vers 1780, une autre commission, composée en particulier de l'astronome Méchain et de Dumouriez, fut d'avis d'abandonner la Hougue pour Cherbourg, en conservant les défenses déjà faites pour parer à un débarquement. On oublia cependant de fortifier suffisamment les îles Saint-Marcouf, dont les Anglais s'emparèrent en 1793. On essaya en vain de les reprendre; elles ne furent rendues à la France qu'en 1802, au traité d'Amiens.

Au XIXe siècle, les événements dont Saint-Vaast fut le théâtre sont très clairsemés. En 1810, on note la perte de deux frégates françaises l'Elisa et l'Amazone, sous les yeux de la flotte anglaise, la première entre Réville et Tatihou, la seconde à Barfleur.

Il n'y a plus à signaler que la présence en 1870 de 3.000 mobilisés bordelais et mobiles de la Manche. Quelques fédérés y furent cantonnés à la suite de la Commune, puis Saint-Vaast redevint calme.

Le fort de la Hougue, depuis cette époque, a été successivement réarmé et désarmé. En 1898, au moment des événements de Fachoda, la garnison a été rétablie : une compagnie d'infanterie et une batterie d'artillerie occupent la Hougue, Tatihou et le fort de Grenneville, mettant ainsi la baie à l'abri d'un hardi coup de main. On n'a pas réarmé les îles Saint-Marcouf, malgré la funeste expérience de 1793 ; il est probable qu'avec les progrès de l'armement moderne ces deux îles seraient rapidement rendues intenables à l'ennemi assez audacieux pour oser s'y installer. Leurs fortifications sont du reste démodées ; elles sont complètement abandonnées et dernièrement le gardien de phare a été supprimé et remplacé par un feu automatique.

LE PORT

Saint-Vaast-la-Hougue est situé sur la côte Est du Cotentin, environ à dix kilomètres au Sud de Barfleur, à proximité de la pointe de la Hougue. La rade foraine est très étendue et se compose de la Grande rade et de la Petite rade. La première, limitée au large par des bancs de sable, sur lesquels on trouve toujours 5 à 6 mètres d'eau à marée basse, peut recevoir les plus grands navires ; la tenue des ancres y est excellente. L'escadre du Nord et la division des garde-côtes de Cherbourg y viennent très fréquemment exécuter des tirs, des attaques de torpilleurs et de sous-marins.

L'entrée du port se compose d'une passe au Sud de l'île Tatihou, entre cette île et la grande jetée ; cette passe a 500 mètres de large pour les fonds de 5m50 en hautes eaux et de 3m50 en pleine mer de morte eau. Il y a une autre passe, entre l'île Tatihou et la pointe de Saire ; mais cette passe est dangereuse par suite de la présence du banc de sable de l'Alouette et de rochers nombreux ; néanmoins elle peut être utilisée par des bateaux calant moins de 3m50.

L'avant-port consiste en un échouage naturel le long d'une grande jetée en maçonnerie de granit de 400 mètres de longueur. Cet avant-port s'assèche complètement dans les basses mers de grande marée.

Le port proprement dit forme un bassin complètement clos, sauf une passe de 40 mètres. l est entouré au Sud et à l'Ouest par de beaux quais en granit. En 1889, on a creusé dans sa partie la plus basse une fosse profonde de trois mètres sur trente mètres de long, destinée au logement des torpilleurs qui ne peuvent échouer à sec. On a également bâti des magasins de charbon et un poste de rechargement de torpilles. Malheureusement depuis cette époque le tout est resté stationnaire. Le bassin s'envase de plus en plus, au point que bientôt les torpilleurs ne pourront plus y échouer sans avaries. Les plus grands n'y peuvent déjà plus venir, car leur longueur dépasse la portion draguée et leur coque fatigue énormément à l'échouage. Il est fâcheux qu'on n'ait pas donné suite aux projets de M. Lockroy, ministre de la Marine en 1898. Au moment du réarmement de la Hougue, on avait décidé de faire de Saint-Vaast le centre de la défense mobile. Le port devait être transformé en bassin à flot par l'adjonction de portes et d'écluses, l'avant-port dragué suffisamment pour conserver 3 mètres d'eau à basse mer. Un crédit de 700.000 francs avait, paraît-il, été attribué à ces travaux. Mais M. Lockroy ne resta pas ministre et ses successeurs laissèrent la défense mobile à Cherbourg.

Il convient de dire cependant que le poste actuel de torpilleurs ne rend pas grand service, tel qu'il est installé, car il est inabordable, autrement qu'à marée haute. Or, il est peu probable qu'en temps de guerre on ait le temps d'attendre pendant des heures que la marée soit propice pour refaire des approvisionnements ou se réfugier à l'abri de la mer. Il n'y a pourtant, depuis Caen jusqu'à Cherbourg, que Saint-Vaast où un bateau de faible tonnage relatif puisse se réfugier, car pendant les fortes tempêtes d'Ouest le raz de Barfleur est impraticable et souvent la grande rade même est assez dure à tenir.

Il faut espérer qu'il n'en sera pas toujours ainsi et qu'un jour ou l'autre Saint-Vaast reprendra le rôle auquel sa position géographique et hydrographique le destine.

INDUSTRIES ET COMMERCE

Dès l'époque médiévale, Saint-Vaast fut un point maritime bien plus important que de nos jours. Dans ces temps reculés, les moyens de communications terrestres étaient fort peu développés. Les routes n'existaient pas ou n'étaient que des sentiers peu entretenus.

Presque tous les transports se faisaient à dos de cheval ou de mulet et les voitures étaient fort rares, pour ne pas dire inconnues. On s'explique aisément que, dans ces conditions, chaque port desservît une partie du territoire situé dans son rayon d'activité. Malgré ses fréquentes colères, la mer est un merveilleux moyen de commerce et les barques de huit ou dix tonneaux des pirates normands ne le cédaient guère aux bateaux de même tonnage actuel, comme vitesse et capacité de transport.

On a la preuve de cette prépondérance de Saint-Vaasten consultant les vieux manuscrits de l'époque. Ainsi, dès 1348, une flotte française avait été équipée pour combattre les Anglais ; elle fut du reste battue au combat de l'Ecluse en Hollande. Or sur 140 vaisseaux fournis par la Normandie entière, Saint-Vaast en avait donné 10, alors que Caen n'en fournissait que 14 et Cherbourg 9.

On a vu que vers la fin du XVIIe siècle, la baie de la Hougue avait été le siège d'événements importants. De nombreuses troupes avaient occupé le pays à diverses reprises. Vers le milieu du XVIIIe siècle Saint-Vaast comprenait environ 2.000 habitants; il relevait de la bannière de Quettehou et avait pour seigneurs le Roi, l'abbesse de Caen et l'abbaye de Fécamp ; ce qui était beaucoup pour une seule bourgade. Il y avait encore Mgr l'Amiral qui avait le rapport du Domaine du Roy, affermé 15.000 livres. Chaque habitant voyait donc le quart de ses revenus passer en dîmes diverses, sans compter la gabelle, sur les salines que le pays possédait par privilège particulier. Cet impôt était du quart de la quantité de sel permise, fixée à un demi-boisseau par an et par personne.

Il y avait un bailli dépendant de l'abbaye de Fécamp et une juridiction maritime dépendant de l'Amirauté.

A cette époque Saint-Vaast comptait 29 bateaux de pêche de 3 à 10 tonneaux se livrant à la petite pêche et au pilotage. Le poisson péché était vendu dans les environs et salé pour une partie. On draguait déjà de nombreuses huîtres, et les parcs étaient installés dans plusieurs points de la baie. Ce commerce prit de plus en plus d'importance, et en 1815 nous voyons la population atteindre le chiffre de 3.200 habitants.

Une digue d'une lieue de longueur, commencée en 1730, est enfin terminée ; elle avait été faite pour garantir la commune contre les inondations en hautes marées. Cet ouvrage protège 33 communes, qui contribuent à son entretien. Une autre digue relie la ville au fort de la Hougue sur 1.200 mètres de long.

Des chantiers de construction s'ouvrent; on construit des caboteurs et des bateaux de long-cours. Le nombre des bateaux do pêche s'accroît de jour en jour. A ce moment la municipalité demande en vain le transfèrement du chef-lieu de canton, de Quettehou à Saint-Vaast.

Cet état de prospérité augmente sans cesse. De 1850 à 1870, c'est l'apogée de Saint-Vaast-la-Hougue. Le port est devenu tout à fait important. Plus de 150 navires y sont attachés, sans compter les bateaux de pêche ; ils importent plus de 10.000 tonnes de bois de construction, du goudron, de la houille, du fer, du zinc, et, par dessus tout, des huîtres. La baie fourmillait de ces mollusques, aujourd'hui bien clairsemés ; on en péchait plusieurs dizaines de millions par an, et toute une flottille était destinée à leur commerce. La plus grande partie des huîtres consommées à Courseulles et dans le Nord-Ouest de la France provenait de Saint-Vaast-la-Hougue. Les huîtres pochées dans la baie, et celles, presque aussi nombreuses, apportées de Cancale et du banc de Dives, étaient parquées dans de nombreux parcs occupant dans la baie plus de 100 hectares. Après un séjour prolongé dans ces parcs, elles étaient expédiées dans toutes les directions et formaient une grande partie du fret de retour des navires. Des industries annexes s'étaient installées : une huilerie, deux scieries, de nombreux chantiers de construction sur lesquels se voyaient fréquemment des navires de 300 tonneaux. La population s'éleva jusqu'à plus de 4.209 habitants, en 1866. Tout ce monde gagnait de l'or et vivait dans l'aisance.

La pêche était tellement abondante, qu'en 1860 plus de 90 bateaux jersiais vinrent s'établire à Saint-Vaast, presque à poste fixe, faisant le trafic des pommes de terre l'été et la pêche aux huîtres l'hiver. Leur séjour à Saint-Vaast marqua une ère de prospérité considérable, l'argent circulait à flots, et une grande partie des fortunes qui se sont gagnées dans le pays datent de ce moment-là.

Malheureusement ce beau temps ne devait pas durer. A force d'être draguées, les huîtres devinrent plus rares. Des bateaux vieillissant ne furent pas remplacés. Une maison disparut et avec elle 40 bateaux. Ce fut la première atteinte mortelle au commerce de Saint-Vaast. La construction diminua peu à peu, puis les chantiers se fermèrent les uns après les autres.

L'avènement de la navigation à vapeur porta le dernier coup à la construction en supprimant les petits voiliers de 300 à 400 tonneaux. Maintenant tout le cabotage est fait par des vapeurs, qui en un voyage transportent l'équivalent de trois navires, partent et arrivent à jour fixe, tout en n'ayant pas plus d'équipage à bord, sinon moins.

La population est tombée à 2.500 habitants ; il n'y a plus que deux usines, occupant au total une quarantaine d'ouvriers. Un seul chantier de construction demeure, se bornant aux barques de pêche. Il y a une cinquantaine de ces dernières au lieu de plus de cent cinquante ; le tonnage du port a décru dans les mêmes proportions ; il est tombé à moins de 10.000 tonnes, en y comprenant la sortie des marchandises.

On s'est ému de cette décroissance rapide et, dès 1875, on tenta d'y remédier. En 1886, une ligne de chemin de fer fut construite qui mit Saint-Vaast en rapport avec la grande ligne de Paris à Cherbourg aux gares de Valognes et de Montebourg.

Un service hebdomadaire de vapeurs fut organisé sur le Havre ; le port, en partie creusé pour admettre les bateaux de plus grand tonnage. Au lieu de parquer des huîtres de drague, devenues trop rares, on fit venir d'Arcachon de petites huîtres par millions pour les mettre dans les parcs et les y engraisser jusqu'à consommation. Quelques éleveurs acclimatèrent des huîtres du Portugal, non sans succès, et ce commerce est le seul qui ait gardé à Saint-Vaast quelque importance, bien que la concurrence le rende tous les jours plus précaire. Actuellement il n'y a que trois ostréiculteurs et la décadence commerciale de Saint-Vaast s'accentue de plus en plus.

Cependant il ne faut pas désespérer de l'avenir. Il y a beaucoup à faire à Saint-Vaast : à défaut do commerce, on peut tirer parti des beautés de ce pays si pittoresque, mais si difficile d'accès. Ce n'est pas que la distance de Paris soit bien grande (355 km.) ; seulement les arrêts forcés par les changements de ligne font que l'on met au moins dix heures et demie, alors que sept suffiraient amplement. Un syndicat d'initiative s'est fondé pour faire connaître Saint-Vaast et ses environs : on tâchera d'obtenir des horaires de chemin de fer plus commodes et de rendre le séjour de cette ville plus agréable par tous les moyens possibles: adduction d'eau potable, éclairage public, fêtes, renseignements sur toutes les questions pouvant intéresser l'étranger.

Il faut espérer que les projets de creusement et d'agrandissement du port seront repris, et qu'un jour les vapeurs de 5m de tirant d'eau pourront accoster les quais, surtout si l'on construit un bassin à flot. Les enseignements des guerres actuelles démontreront certainement la nécessité de points de refuge pour les petites unités, telles que torpilleurs et sous-marins. Que tous ces desiderata deviennent des réalités, que quelques bonnes campagnes de pêche rendent la confiance à nos marins, qu'une industrie, attirée par le bas prix de la main-d'œuvre, vienne s'installer dans le pays, la prospérité ancienne renaîtra rapidement, et Saint-Vaast, cette petite ville au climat si doux, avec ses souvenirs historiques et ses environs charmants, son port, sa marine et sa garnison, redeviendra la perle du Val-de-Saire !

Auteur

Association française pour l'avancement des sciences

Ouvrage

Cherbourg et le Cotentin

Année

1905

Source

Gallica